Réunion d'un groupe de citoyen·nes à Rosny
Réunion d'un groupe de citoyen·nes à Rosny

Une victoire citoyenne : report de l’extension du centre commercial Rosny II

Les groupes locaux d’Alternatiba, partout en France, se mobilisent pour faire avancer les politiques locales, pour promouvoir les alternatives, pour dénoncer les projets qui vont à l’encontre d’une transition écologique et sociale qui apparaît, jour après jour, de plus en plus urgente. Et chaque groupe local obtient des victoires qui font avancer le mouvement climat, préservent des écosystèmes, changent le quotidien des personnes du territoire – et font augmenter le rapport de force en notre faveur pour les luttes suivantes !

Zoom aujourd’hui sur le groupe Alternatiba de Rosny, qui a obtenu fin 2021 le report d’un projet d’extension de centre commercial. Entretien avec Nicolas, activiste du groupe.

Réunion de citoyen·nes à Rosny
Réunion citoyenne à Rosny – crédit photo : Dagmara Bojenko

Peux-tu présenter le groupe Alternatiba Rosny-sous-Bois en quelques mots et votre historique de mobilisation ?

La ville de Rosny-sous-Bois est une ville-dortoir de l’est parisien, très urbanisée et artificialisée, avec très peu de terrains encore inoccupés.

Notre groupe local Alternatiba de Rosny s’est créé en 2018, avec une volonté des citoyen·nes de se mobiliser pour faire changer leur ville sans s’engager en politique. En 2019, nous avons initié une campagne Alternatives Territoriales en nous saisissant du Pacte pour la Transition pour les élections municipales, et avons fait signer la mairie actuelle, entre autres sur les questions des usages des sols et l’arrêt de l’extension des grandes surfaces commerciales, qui est une question que nous suivons de près.

Quel a été l’élément déclencheur de la campagne ?

En fin d’année 2019, nous avons découvert l’existence d’une enquête publique en cours sur l’extension du centre commercial Rosny 2. Personne n’en avait entendu parler, aucune communication publique n’avait été faite. Nous avons donc décidé de nous opposer à cette extension dangereuse tant au niveau environnemental qu’au niveau social : artificialisation des sols, augmentation du trafic routier, îlots de chaleur, concurrence avec les petits commerces, destructions d’emplois locaux, …

Quelle stratégie avez-vous adoptée ? L’avez-vous pensée en amont ou l’avez-vous construite au fil de l’eau ?

Notre stratégie s’est construite au fil de l’eau, elle a été construite à partir de la découverte de cette enquête publique pour l’extension du centre commercial. A partir de ce moment, il fallait agir vite :

  • Nous avons déposé dans l’enquête publique une pétition au nom de 330 citoyen·nes pour nous opposer au projet. Cela a permis l’examen du projet par le commissaire enquêteur ; cependant, il a jugé qu’il n’y avait pas de motif pour empêcher l’extension.
  • Nous avons aussi déclaré ce projet sur la carte des grands projets inutiles et imposés de Reporterre.

Dans un second temps, c’est l’association de justice climatique Notre Affaire à Tous qui nous a contacté·es après avoir vu le projet sur la carte de Reporterre, en nous proposant leur soutien pour s’opposer juridiquement au projet. Nous avons donc constitué un dossier pour demander l’annulation des 4 permis de construire, en nous appuyant principalement sur les irrégularités de l’étude d’impact, avec l’aide des juristes de Notre Affaire à Tous et du Mouvement National de Lutte pour l’Environnement (MNLE) du 93. A partir de début 2020, le covid et le confinement nous ont permis d’avancer sur ce dossier, mais nous ont empêchés de nous mobiliser sur le terrain. Nous avons donc déposé un recours, c’est-à-dire une demande d’inspection de l’étude d’impact environnemental du projet par la justice.

Peux-tu nous décrire le déroulement de la campagne ?

La campagne commence en octobre 2019 avec la découverte du projet d’extension du centre Rosny II. Après une première année avec une nouvelle mairie favorable au Pacte pour la Transition, et malgré un engagement pris pour stopper la progression des grandes surfaces commerciales, le maire change de posture en janvier 2021, et commence à questionner la légitimité de notre groupe et à défendre le projet devant la justice

Frise chronologique du déroulé de la victoire de Rosny
Frise chronologique de la victoire de Rosny

Nous attendons maintenant la fin de ce délai de 12 mois, qui arrivera au mois de décembre 2022.

Avez-vous eu des partenaires sur certaines actions, ou même tout au long de la campagne ?

Notre Affaire à Tous et le MNLE 93 ont permis à Alternatiba Rosny-sous-Bois de s’appuyer sur des compétences juridiques que nous n’avions pas, et de porter le dossier en justice. En effet, il faut des statuts spéciaux pour intenter une action en justice.

La campagne nous a aussi permis de nous rapprocher des associations des villes voisines, et d’autres groupes locaux Alternatiba ou ANV-COP21. Nous avons sensibilisé sur l’importance de la bonne définition du périmètre géographique et juridique du groupe local, de citer explicitement dans les statuts le territoire d’action du groupe, les moyens d’agir, y compris juridiquement, et les thématiques liées à la justice sociale, comme la défense des minorités exclues.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées, et comment les avez-vous surmontées/comment vous êtes-vous adapté·es ?

L’une des difficultés que nous avons rencontrées est l’incapacité à se mobiliser sur le terrain, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, nous avons commencé la campagne fin 2019, et le covid a empêché toute forme de mobilisation à partir de début 2020. Par ailleurs, notre groupe local est majoritairement constitué de quadragénaires avec enfants, une vie de famille bien remplie, et donc des difficultés à dégager du temps de mobilisation. Pour cela, nous cherchons maintenant à recruter de nouveaux bénévoles, étudiants, jeunes retraités ou au contraire jeunes actifs sans enfants et ayant plus de disponibilités.

La deuxième difficulté principale vient des relations difficiles avec l’équipe municipale, qui nous a catégorisé·es comme opposant·es politiques. Le projet d’extension du centre commercial est le fruit d’une réflexion de 5 ans par la mairie précédente, qui nous a attaqué·es et dénigré·es dans la presse et sur les réseaux sociaux. Nous avons dû apprendre à nous défendre en donnant des chiffres, citant des études, etc. Mais la mairie dispose d’un pouvoir de communication énorme, dont les élu·es se saisissent pour prouver qu’iels ont raison.

Quel a été l’élément déclencheur de la victoire ?

L’appui de Notre Affaire à Tous et du MNLE 93 pour constituer un dossier recevable et solide. Le juge a donné douze mois, c’est à dire jusqu’en décembre 2022, au promoteur Westfield et à la commune de Rosny-sous-Bois pour régulariser les illégalités constatées : notamment de graves manquements dans l’étude préalable concernant l’artificialisation des sols, l’augmentation du trafic routier, la détérioration de la qualité de l’air, les îlots de chaleur urbains, …

Et maintenant, quelles sont les prochaines étapes ?

Nous savons que la ville et le promoteur seront capables, à terme, de produire un projet qui, malgré ses impacts environnementaux, sociaux et démocratiques néfastes, répondra au peu d’exigences de la loi. L’enjeu à partir de maintenant est donc de continuer sur le terrain de la justice, et de grappiller un maximum de petites victoires pour que le projet, une fois validé, soit le moins néfaste possible : plus végétalisé, des équipements cyclables, des zones de pleine terre, etc.

Nous essayons également de mettre en lumière nos arguments non opposables juridiquement, tels que l’absence totale de concertation ou d’étude sur l’impact social, comme l’emploi ou la concurrence avec le petit commerce.

Nous avons une page sur les réseaux sociaux que nous alimentons très régulièrement, vous pouvez suivre nos activités, nos victoires, et même nous rejoindre car nous cherchons des bénévoles !

Pour en savoir plus :

  • 19 octobre 2022