Victoire citoyenne : des habitant·es du Pays Basque obtiennent la réouverture de la gare d’Itxassou !

Les groupes locaux d’Alternatiba, partout en France, s’activent pour faire avancer les politiques locales, pour promouvoir les alternatives, pour dénoncer les projets qui vont à l’encontre d’une transition qui apparaît, jour après jour, plus urgente. Et chaque groupe local, à son niveau, obtient des victoires qui font avancer le mouvement, qui font évoluer les mentalités et font progresser la bataille culturelle. 

Aujourd’hui zoom sur le groupe de Bizi!, dans le Pays Basque, qui s’est mobilisé pour la réouverture de la gare d’Itxassou : avec les riverain·es et la municipalité du village, iels ont obtenu à nouveau la desserte de leur gare par les trains. Une issue bénéfique, aussi bien pour les locaux et le tourisme que pour l’environnement !

Dans quel contexte votre groupe s’est-il lancé dans cette campagne ?

Le groupe Alternative au Tout Voiture (ATV) de Bizi! est actif depuis maintenant 12 ans. Nous multiplions depuis 2009 des actions symboliques, dans le but de faire entendre la voix des citoyen·nes et leurs besoins d’alternatives à la voiture. Nous visons un modèle plus soutenable où tous les modes de transports responsables (aussi bien écologiquement que socialement) seront omniprésents, dans le but de réduire nos émissions de gaz à effet de serre sur le territoire mais aussi de corriger les erreurs d’aménagement des mobilités.

En 2020, le plan de relance national historique en faveur du ferroviaire annonce comme objectif central la sauvegarde des petites lignes et leur développement. Pourtant, les trains passent à la gare d’Itxassou mais ne s’arrêtent jamais. L’absence d’arrêt à cette gare, restaurée en 2015 et pourvue de stationnements et d’équipements pour les voyageur·ses,  est un non-sens économique. La SNCF et la région justifient cette absence d’arrêt à Itxassou par le manque d’usager·es utilisant cette gare. Toutefois, Itxassou connaît depuis 2014 une croissance de sa population, notamment due à la hausse des prix de l’immobilier sur le littoral.  Aujourd’hui, cette halte est nécessaire aussi bien pour les locaux·ales qui se rendent tous les matins en voiture à Bayonne, que pour le tourisme qui se développe de plus en plus dans la région. Dans un contexte où le trafic automobile ne cesse de croître, l’accès à des transports en commun de qualité et l’emploi d’infrastructures déjà présentes deviennent essentiels.

Quel a été l’élément déclencheur de la campagne ?

Pour les habitant·es d’Itxassou et des villages similaires, emprunter les axes de transport fréquentés pour se rendre au travail ou en ville quotidiennement devenait de plus en plus compliqué. Avec l’augmentation de la population et des besoins de mobilités, les bouchons et les ralentissements routiers sur le tracé de Bayonne-Anglet-Biarritz se sont exacerbés ces dernières années. Ainsi, la demande de transport en commun des locaux·ales n’a fait qu’augmenter depuis que les trains ne s’arrêtent plus aux petites gares moins fréquentées. L’arrêt du train en gare d’Itxassou est devenu un besoin pour les habitant·es pour qui ce mode de transport est devenu de plus  avantageux en termes de temps et d’argent.  S’engager pour demander la réouverture de la gare était nécessaire pour beaucoup, comme en témoigne la pétition qui a été lancée par des habitant·es et rapidement signée par un quart des Itsasuars. Nous voulons saluer les habitant·es qui ont pris cette initiative ! À Bizi!, l’une de nos membres habitait Itxassou et était impliquée dans cette campagne. C’est à se moment-là qu’elle nous a partagé la situation. Dans le groupe ATV, notre but est justement de changer ce modèle de voiture exclusif, et de faire valoir la voix de toutes et tous en matière de mobilités. Nous avons rejoint courant décembre les Itsasuars par solidarité mais aussi par conviction, pour accorder plus de place aux transports ferroviaires locaux et donner encore plus de poids à la campagne qu’iels ont lancé.e.

Quelle stratégie avez-vous adoptée ? L’avez-vous pensée en amont ou l’avez-vous construite au fur et à mesure ?

La campagne n’avait pas été planifiée en amont. Nous avons rejoint les habitant·es d’Itxassou en cours de lutte et avons bâti cette victoire au fil de l’eau. Là où nous avons été chanceux·ses, c’est que nous avons pu facilement communiquer et parler avec plusieurs acteur·ices qui avaient du poids.  Dans un premier temps, nous avons parlé avec la mairie, puis avec la région, qui ont toutes les deux porté notre volonté et lui ont donné de l’importance. Nous n’avons pas eu besoin de réaliser de grosses actions et de grosses mobilisations. Les habitant·es voulaient vraiment la réouverture de cette gare et leurs arguments étaient indéniables. Notre stratégie s’est faite au fur et à mesure autour de discussions et d’échanges sur le besoin qu’un territoire peut avoir à se reconnecter et à  fluidifier ses transports.

Quel a été le déroulement de la campagne ?

Voici une frise qui décrit le déroulé de la campagne et qui a mené à la réouverture de la gare en Juillet 2022 !

Vous avez eu des partenaires tout au long du processus, savez vous comment se sont répartis les rôles ?

Nous avons eu deux partenaires essentiels tout au long de ce processus. Nous les avons rejoint en cours de campagne mais iels ont su à elleux seul.es porter des rôles primordiaux pour la campagne. Les riverains d’Itxassou, de qui venait la demande vers notre collectif, ont lancé la pétition qui a été signée par un quart de la commune. Iels ont aussi participé à la mobilisation organisée sur le quai de la gare pour la vidéo. La municipalité Itsasuar a également tenu un rôle déterminant. Sollicité.es par les riverain.es, les élu.es d’Itxassou ont aidé à obtenir la réhabilitation de la halte d’Itxassou, en plaidant en sa faveur auprès de la région Nouvelle Aquitaine. A Bizi! nous les avons soutenus tout au long du processus à travers la communication, la visibilité, le relais d’informations, et l’organisation de mobilisations comme celle sur le quai qui a donné naissance à la vidéo partagée sur les réseaux.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées, et comment les avez-vous surmontées ?

La campagne s’est bien passée du début à la fin. Nous n’avons pas rencontré de difficultés particulières à surmonter. C’est plutôt maintenant que les complications apparaissent, après notre victoire. En effet, la SNCF et la région Nouvelle Aquitaine priorisent la rentabilité financière, et de nombreux postes de conducteur.trices de train sont supprimés. Ainsi, il n’y a pas assez de personnel pour assurer le bon fonctionnement du transport ferroviaire, les petites lignes comme celle qui passe par Itxassou en sont les premières impactées. En effet, faute de conducteur.trices de train, de nombreux trains qui passent par Itxassou sont supprimés afin d’assurer en priorité les lignes plus fréquentées. De plus, la région Nouvelle Aquitaine préfère allouer des milliards d’euros pour des projets comme la LGV (Ligne à Grande Vitesse), plutôt que de garder cet argent pour la rénovation des voies existantes et pour le train de proximité. Ce type de projet est un non sens écologique et social avec de nombreuses conséquences comme l’artificialisation de sols, la hausse du prix des loyers et du foncier… c’est pourquoi Bizi est aussi très impliqué contre ce projet de LGV.  Nous tentons de surmonter ça en communiquant et en sensibilisant les citoyen·nes aux alternatives à la voiture et à l’importance de développer localement les transports en communs et de proximité pour gagner en autonomie, réduire les émissions de gaz à effet de serre, et sortir de la dépendance aux énergies fossiles.

Quel a été l’élément déclencheur de la victoire et quelle est la suite pour vous ?

Pour nous, l’élément déclencheur de la victoire a été la pétition lancée en décembre et signée par 500 personnes (soit un quart du village d’Itxassou). Accompagnée d’une vidéo postée sur les réseaux sociaux, elle nous a offert de la visibilité et a lancé les premières discussions au sein du Conseil Régional et  de la SNCF.  Cela montre que des habitant·es peuvent prendre les choses en main et faire bouger les lignes !

L’élément qui a confirmé notre victoire est la validation du Conseil Régional de la réouverture de l’arrêt d’Itxassou en avril 2022. Aujourd’hui, c’est à Bizi!, aux Itsasuars et à leur mairie de communiquer sur la réouverture de cet arrêt et de le faire vivre. En effet, une des conditions lors des négociations était, si l’arrêt était validé, de mener une campagne de communication incitant les habitant·es à prendre le train pour éviter de se retrouver dans la même situation qu’il y a quelques années, quand le manque d’utilisateur·ices a fait supprimer l’arrêt. Nous devons faire en sorte que cette campagne et l’engagement de chacun·es pour la desserte d’Itxassou serve aussi aux villages avoisinants et créer ainsi une nouvelle dynamique, afin de sortir favoriser les mobilités alternatives à la voiture (transports en commun, intermodalité…).

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