Marche Climat 08/12/2018
Marche Climat 08/12/2018

Ta Mairie a-t-elle des super-pouvoirs ?

Voici un petit quizz réalisé pour comprendre le pouvoir de décision des mairies et intercommunalités sur notre environnement quotidien. Alimentation, mobilité, transport, sont autant de thèmes qui relèvent de leurs compétences. Répondez à chacune des situations et découvrez ce que peuvent faire vos élus locaux !

 

Aujourd’hui, tu souhaites aller à la Marche pour le climat avec tes enfants / neveux
et nièces / enfants de tes voisins … 

Un casse-croûte avant de partir ? Pas de problème : 

a) Tu as acheté ce que tu pouvais dans le rayon bio du supermarché grande surface… Malgré tous tes efforts, il n’y a pas mieux dans
la ville.

b) Pain complet, légumes de saison… Tu as fait tes courses dans le coin des producteurs locaux du marché, ils viennent des 30 km alentour.

c) Les légumes viennent du jardin partagé d’en bas, et le pain est fabriqué
à partir du blé d’un nouveau paysan qui s’est installé grâce
à l’aide de la Mairie.

 

La Mairie n’a pas le pouvoir absolu de décider quel commerce ou quel agriculteur va s’installer sur sa commune. En revanche, elle peut créer un climat favorable à l’installation des  producteurs locaux et respectueux de l’environnement, par exemple en créant un espace dédié sur le marché, en mettant à disposition un local pour une AMAP ou un magasin de producteurs, en aidant à l’installation de jeunes agriculteurs en milieu urbain…

 

À midi, ce sera donc légumes de saison aux formes et couleurs peu habituelles :

a) Les enfants te regardent avec des gros yeux.
Les légumes ils n’en mangent pas, à la cantine, c’est frites et steak haché tous les jours

b) Les enfants
se régalent. Ils ont l’habitude de manger des légumes à la cantine, mais
ils ne sont pas
aussi frais. 

c) Les enfants
sont habitués,
ils connaissent même le producteur de légumes qui vient livrer la cantine.

C’est à la Mairie que revient la gestion des cantines scolaires des écoles (le Département est en charge des collèges et la Région des lycées). Elle délègue parfois cette compétence à l’intercommunalité. Elle peut décider de gérer la cantine scolaire au sein d’une régie publique, ou alors de déléguer à un prestataire privé. Mais même dans ce dernier cas, elle peut et doit imposer des critères de qualité dans ses marchés publics ! 

Attention, dans un marché public, la “préférence locale” est contraire au droit européen. Mais il y a plein de moyens de favoriser les produits locaux quand même, en demandant des critères de qualité, de fraîcheur, ou même d’impact CO2, qui demandent nécessairement une réduction des transports… En tout cas, le mieux pour le climat, c’est le repas végétarien !

 

Vous souhaitez y aller à vélo :

a) Il n’y a aucune piste cyclable, même toi tu n’oses pas utiliser ton vélo

b) Il y a bien quelques pistes cyclables, mais avec des enfants et les voitures qui nous rasent, c’est bien trop dangereux : 
le peu de pistes qui existent ne sont pas sécurisées, aménagées
ou continues

c) Pas de problèmes, les voies cyclables sont bien séparées de la route et des trottoirs, on peut même prendre
la véloroute !

Dans la plupart des villes, c’est la Mairie qui a gardé la compétence “voirie”. C’est donc à elle que revient la responsabilité de partager les voies publiques équitablement entre automobiles, vélo, piétons… 

À noter : dans l’article L228-2 du code de l’environnement, il est écrit : “À l’occasion des réalisations ou des rénovations des voies urbaines, à l’exception des autoroutes et voies rapides, doivent être mis au point des itinéraires cyclables pourvus d’aménagements sous forme de pistes, marquages au sol ou couloirs indépendants, en fonction des besoins et contraintes de la circulation.”

 

Le vélo du petit dernier est crevé, et ce n’est pas possible de le réparer dans ton appartement :

a) Aucun commerce ne répare les vélos ici, il faut aller en grande surface
en périphérie

b) Il y a un marchand de cycles en centre-ville, ça va coûter un peu cher mais c’est accessible à pied

c) Il y a un atelier associatif de réparation hébergé par la Mairie au coin de la rue, on peut
y passer !

Comme dit précédemment, la Mairie n’a pas de pouvoir absolu sur la présence ou non des commerces dans sa ville. En revanche, il existe des programmes pour favoriser le commerce en centre-ville, et les mairies ou intercommunalités ont tout pouvoir d’arrêter l’extension des zones commerciales dans leurs documents d’urbanisme (PLU ou PLUi). 

 

Vous décidez finalement d’y aller en transports en commun :

a) Un bus,
un dimanche ?
La bonne blague !

b) Le prochain bus part à 14h10,
on risque de rater le début de la marche mais on pourra
la rattraper !

c) La ligne est cadencée, il y a un bus tous les quarts d’heure, on ne se pose même pas
la question !

Ce sont généralement les intercommunalités (agglomérations, métropoles…) qui gèrent les transports urbains. Attention au discours facile du “Il n’y a personne qui emprunte cette ligne, ça ne servait à rien de la maintenir”. Au contraire, si la fréquentation n’est pas au rendez-vous, c’est sûrement que l’offre n’est pas adaptée ! Par exemple, le cadencement, même avec une fréquence faible (toutes les heures, toutes les demies-heures…) dans les zones peu peuplées permet aux personnes de s’y retrouver facilement. 

 

Arrivé·e·s à l’arrêt de bus, vous trouvez…

a) Rien, c’est un vieux panneau,
les horaires
affichés dessus
ne correspondent plus et il n’y a rien pour s’abriter.

b) Un abribus dernier cri, avec une pub pour le nouveau centre commercial qui vient d’ouvrir à l’entrée de la ville

c) Un bel arrêt de bus avec vitres de chaque côté; et à côté des horaires, une information pour la prochaine kermesse de l’école

Le mobilier urbain (abribus, publicités, bancs, poubelles…) est de la compétence de la Mairie, de l’intercommunalité et/ou de la régie des transports. Il est assez facile pour un Maire de passer un marché avec JCDecaux par exemple : “Vous nous installez les abribus, et vous pouvez y mettre de la publicité”. Sauf que cette publicité ne favorise généralement pas les commerçants du centre-ville, incite à la surconsommation, et promeut une certaine image des corps, notamment sexiste. Il est tout à fait possible, et souhaitable, de réduire la place de la publicité commerciale dans l’espace public ! La preuve, Grenoble l’a fait en partie.

 

En attendant le bus, les petit·e·s se plaignent déjà d’avoir soif et tu as oublié la gourde…

a) Il n’y a pas de fontaine d’eau potable par ici, vous attendrez d’arriver
à la marche pour aller demander
à un commerçant
un verre d’eau

b) Il y a bien une fontaine mais elle est sur la place à un quart d’heure à pied, tu as peur de rater
le bus, dilemme…

c) Une fontaine d’eau potable a été installée récemment par l’intercom-
munalité dans une logique d’accès à l’eau potable pour tous, et de sécurité lors des canicules : les enfants se jettent dessus 

Les Nations Unies ont reconnu les droits humains à l’eau potable et à l’assainissement : chacun doit avoir accès sans discrimination, physiquement et à un coût abordable à un approvisionnement en eau salubre. La gestion de l’eau a été confiée en 2018 aux intercommunalités qui héritent désormais des enjeux sanitaires, d’assainissement et de gestion des risques. Il est de son ressort d’appliquer des mesures plus économes comme récupérer l’eau de pluie ou favoriser les toilettes sèches et plus démocratiques en gardant un pouvoir de décision sur cette ressource sans la livrer à des entreprises privées… et en permettant de s’approvisionner en eau potable dans la rue. “L’eau est un bien commun, et devrait donner lieu à un accès universel, et une gestion collective, transparente, et partagée entre pouvoir public et pouvoir citoyen.” 1

 

En sortant du bus, tu butes sur une bouteille en plastique vide…

a) Tu la mets comme d’habitude dans
un sac spécial en attendant de trouver une poubelle ; parfois tu trimballes les déchets ramassés pendant un sacré moment…

b) Tu ramasses
la bouteille et la place dans une poubelle à quelques minutes de marche

c) Tu ramasses la bouteille, la place dans la poubelle juste à côté où tu remarques des bacs de tri (même un compost !) et des écriteaux expliquant que le meilleur déchet est celui qu’on ne produit
pas ainsi que l’information d’une tarification incitative à venir.

La gestion des déchets est du ressort de l’intercommunalité. Le maire, lui, a le pouvoir d’installer plus de poubelles publiques ou de lancer des campagnes incitatives au tri et à la réduction des déchets, voire à l’utilisation du compost. La tarification incitative, relativement répandue en Allemagne et en Suisse, est un outil efficace pour inciter à la réduction et au tri des déchets qui se base sur la quantité de déchets produits par personne. L’agglomération de Besançon en est l’exemple incontournable.

 

En accélérant le pas pour rejoindre la marche, ton regard défile sur le paysage urbain…

a) Tu observes plein de constructions en cours avec des machines et des camions stationnés amenant le béton… Un peu plus loin,
des chantiers
de démolition 

b) Il y a un immeuble en rénovation, tu te penches sur la pancarte qui explique dans des termes compliqués qu’ils désamiantent et isolent l’immeuble

c) La Mairie est en train de réhabiliter totalement l’école des petit.e.s ! Devant, un panneau explique très bien qu’elle sera à énergie positive : matériaux écologiques et locaux, orientation et architecture permettant un maximum d’apports thermiques, murs végétalisés… Tout est fait pour que les enfants aillent en classe dans les meilleures conditions ! Il y a même un appel à souscription pour être actionnaire des panneaux solaires sur le toit  et une présentation de la SCOP (société coopérative d’intérêt collectif) ENERCOOP qui propose de se fournir en énergie verte.

Le secteur du bâtiment est la première source des émissions de gaz à effet de serre en France, environ 30% en 20162. Une partie vient d’émissions directes liées aux consommations d’énergie dans le bâtiment. Mais il faut également considérer les émissions indirectes liées à la consommation d’énergie via les réseaux urbains et ne pas oublier l’industrie pour ses émissions indirectes liées à la fabrication des matériaux et des équipements ! Les solutions sont connues : rénovations intelligentes pour réduire la part de consommation d’énergie directe en s’attaquant dès maintenant aux passoires énergétiques (isolation…) et décarbonisation du mix énergétique en installant pompes à chaleur, réseaux de chaleur urbains, panneaux solaires… Les municipalités ont le pouvoir d’enclencher la bonne dynamique sur leur territoire par des aides financières aux rénovations, des campagnes de lutte contre la précarité énergétique ou d’incitation à se fournir en énergies renouvelables…

 

 

Pendant la marche, le groupe Alternatiba que vous venez de rejoindre, interpelle le/ la Maire pour connaître ses engagements pour le climat. Il ou elle répond :

a) “L’environnement ? Ca commence
à bien faire ! ”

b) “Nous avons récemment tracé
de nouvelles pistes cyclables sur les routes, vous avez vu, elles sont belles hein ? Et lisez le journal municipal, vous verrez tout ce qu’on fait pour le développement durable !”

c) “Je pourrais vous citer tout ce que l’on fait, mais le mieux est que nous en parlions ensemble. Vous avez sûrement des propositions que nous pourrions mettre en place avec votre aide”.

 

Les élus locaux ont des compétences pour lutter contre le dérèglement climatiques, et vous êtes porteurs de solution : l’inclusion réelle et effective des citoyens doit être au coeur de la transition. Mais attention au greenwashing ! La plupart des élus ont maintenant intégré le discours environnemental. Ne vous limitez pas aux belles déclarations ou à quelques actions exemplaires. Demandez-vous ce que les collectivités locales font ou peuvent faire pour accompagner votre transition et celle de toute votre ville et assurez vous qu’elles tiennent réellement leurs engagements ! Le Pacte pour une Transition Citoyenne rassemble des mesures ambitieuses à proposer à vos candidat.e.s et élu.e.s pour les pousser dans cette dynamique. Emparez-vous en !

Bilan :

Vous avez un maximum de a) 

Votre maire n’est absolument pas écolo ! Bien sûr, vous pouvez toujours le faire changer par du plaidoyer ou des actions “coups de poing”, mais surtout, il faut le challenger lui et ses opposants en vue des municipales. Pour que ça change réellement, il faut des engagements clairs de la part des candidates et candidats, et ne plus lâcher le ou la futur-e maire une fois élu-e ! Pour cela, la campagne Alternatives Territoriales et le coup de pouce du groupe ANV-COP21 de votre ville pourront être très utiles.

Vous avez un maximum de b)

Peut mieux faire ! Votre ville commence à bouger, il faut maintenant passer à la vitesse supérieure car nous n’avons plus le temps d’attendre ! Rejoignez le groupe Alternatives Territoriales près de chez vous pour que le prochain mandat soit celui du climat !

Vous avez un maximum de c)

Beaucoup de choses sont faites dans votre ville, mais il ne faut pas lâcher la pression. Les prochaines municipales sont l’occasion d’apporter votre soutien aux actions écologiques mises en place, et de demander leur renforcement ! Vous pouvez aussi partager ce qui marche et ne marche pas avec d’autres villes au sein du réseau Alternatiba !

 

 

 

1Source : Pacte pour une Transition Citoyenne, mesure #10 “Protéger la ressource en eau, en assurer une meilleure qualité et un accès garanti à toutes et tous, en la considérant comme un bien commun, https://www.pacte-transition.org/#pacte

2 Source : Carbone4, 2016 : http://www.carbone4.com/article-batiment-snbc/

  • 6 novembre 2019