Une autre société est possible, on la construit ensemble ?

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Crédit photo : Clément Tissot Photographe
Crédit photo : Clément Tissot Photographe

Nicolas, Alternatives Territoriales Rosny-Sous-Bois

Nicolas est membre du groupe Alternatives Territoriales de Rosny-Sous-Bois.
Je m’appelle Nicolas, j’ai 40 ans et suis UX designer ainsi que papa de deux petites filles.

Pourquoi as-tu décidé de t’engager avec Alternatives territoriales ?

Je me suis rendu compte que soutenir financièrement différentes associations pendant des années ne suffit pas. La transition et les alternatives doivent être mises en place au niveau territorial, par les maires, les associations locales et les individus. À la base, j’avais lancé un appel à fonder un collectif pour mettre en mouvement les alternatives à Rosny-sous-Bois. L’idée était de débuter par un festival des alternatives pour porter l’attention des citoyen·nes de la ville sur ce qu’il est possible de faire seul·e, collectivement, et avec les pouvoirs publics. Je savais que fonder ce collectif au sein d’Alternatiba, que je connais depuis 2015, était un moyen de profiter des bases du mouvement. 

 

Vous êtes combien dans ton groupe ? Et concrètement, quel rôle as-tu ? 

Notre groupe Alternatiba Rosny a un noyau dur de 5 personnes, une dizaine d’actifs et une cinquantaine de soutiens. Mon rôle est de gérer la coordination, l’animation et je suis aussi le recruteur principal. Je suis également en lien avec la coordination nationale, d’autres collectifs et associations, ce qui me permet d’apporter au groupe de nombreuses idées d’actions.

 

Quelles mobilisations a fait ton groupe en amont des municipales ?

Dans l’impossibilité d’organiser notre festival des Alternatives, nous avons vu les municipales comme un grand enjeu, en particulier dans le cadre du Pacte pour la Transition. Après notre inscription dans le Pacte, nous avons élaboré 14 mesures pour notre ville

Avant le second tour, nous avions réussi à faire signer le Pacte à tous·tes les candidat·es.

 On a aussi porté des panneaux sur les marchés créant un impact important dans la presse. On a eu beaucoup de visibilité sur les réseaux sociaux, notamment sur notre tableau des engagements qui détermine, par candidat·es, le niveau d’ambition de leurs mesures.

 

À Rosny-sous-Bois, le Pacte pour la transition, porté par l’association Alternatiba Rosny, est le fruit d’une réflexion commune de nombreuses associations locales (RosnyCyclettes, Faitout Mais Pas Tout Fait, LDH, FaSol, etc). Ce Pacte pour la transition composé de 14 mesures, une fois signé, est un engagement mutuel entre la liste candidate aux élections municipales et notre collectif d’habitant·es.

 

Est-ce que tu as eu des déceptions par rapport à la campagne ? 

Au regard du résultat des élections, il y a eu 67% d’abstention au second tour dans notre commune. C’est énorme et on se rend compte que, malgré le grand nombre de vues sur les réseaux sociaux, on n’a pas réussi à souligner l’importance d’un scrutin local et à toucher les gens qui ne voulaient pas aller aux urnes. 

 

Quelle a été une de vos victoires selon toi  ? 

Pendant la campagne des municipales, nous avons mis les candidat·es face à leurs engagements en publiant des comparatifs de leurs programmes. Avec de la persévérance, nous avons réussi à mettre la pression sur les candidat·es qui ont signé le Pacte et doivent désormais rendre des comptes et se justifier : les élu·es ne peuvent plus se permettre de ne pas nous écouter.

 

Quelles sont les prochaines grandes échéances pour vous ? 

Pour contextualiser, Rosny-sous-Bois est une ville de 50 000 habitant·es, soit la taille d’une grosse ville de province. Mais c’est une ville dortoir pour Paris, donc nous manquons énormément d’infrastructures et de services, tout en ayant les nuisances apportées par les deux autoroutes qui traversent la ville. L’une de nos grandes luttes pour développer la ville entre voisins et entre quartiers, c’est l’arrêt du projet d’extension du centre commercial de Rosny 2 (déjà gigantesque, 120 000 m², un des plus grands de France). Nous avons répondu à une enquête publique ouverte grâce à une pétition, et, de fil en aiguille, ce projet a pris de l’ampleur. La lutte est inscrite sur la carte des grands projets inutiles de Reporterre. Actuellement, nous travaillons sur un recours en contentieux contre le projet avec Notre Affaire À Tous et des associations de soutien. Nos prochaines animations publiques vont porter sur ce sujet. 

On se sert du Pacte pour la Transition pour dialoguer avec un nouvel interlocuteur à la mairie après les municipales car, d’un côté, il s’est exprimé publiquement contre l’extension dans ces formes. Mais d’un autre côté, la mairie a décidé de démanteler deux camps de Roms, en pleine crise du Covid-19, sans logement alternatif. Pourtant, une mesure sur ce sujet dans le Pacte avait été signée par l’élu et nous permet aujourd’hui d’appuyer notre combat contre cette décision.

 

Personnellement, qu’est-ce que cette campagne t’a appris ou apporté ? 

La campagne m’a montré qu’avec un groupe, très solidaire et très mobilisé, qui répond dans les bons temps et avec les bons moyens, on a une capacité d’infléchir les positions des élu·es, à faire bouger les lignes et à s’immiscer dans le débat public. C’est une surprise pour moi car, finalement, j’ai trouvé qu’on avait bien réussi à leur faire signer le Pacte et même à obtenir des engagements supplémentaires entre les deux tours. J’ai aussi découvert le monde de la campagne politique, avec la mauvaise foi des gens et le côté “foire d’empoigne” sur les réseaux sociaux, avec des caricatures, de la censure et une campagne finalement assez odieuse. La plupart d’entre nous ne connaissaient pas cette ambiance et n’avaient pas vécu la précédente élection ! Mais avec les bons outils, on n’a pas besoin d’être puissant pour entrer dans le débat.

 

Merci d’avoir répondu à toutes nos questions ! Vous pouvez retrouver Nicolas et suivre l’actualité du groupe local de Rosny-sous-Bois ici.

 

Découvrez l’intégralité des autres récits sur notre site internet à la page Témoignages du projet Alternatives Territoriales.

 
  • 27 octobre 2020