Mobilisation contre le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes
Mobilisation contre le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes

L’aéroport de Notre-Dame-des-Landes plus chaud que le climat ?

Mobilisation contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-Des-Landes

Projet d’un autre temps, coûts pour le contribuable, destruction d’une zone humide et d’espaces agricoles, élimination d’espèces animales et végétales protégées, consultation locale contestable, etc. La liste des raisons pour lesquelles se retrouver pendant le grand week-end annuel de mobilisation contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes qui aura lieu les 9 et 10 juillet prochain est longue.

Ce projet aura sans conteste un impact désastreux sur l’environnement. Une zone humide, où nait de nombreux cours d’eau, sera totalement détruite. En plus d’un réservoir d’eau, c’est aussi un bocage où les haies, les prairies et les sols ont été préservés jusqu’à nos jours qui risque de disparaitre. Alors que l’érosion de la biodiversité s’accélère, des espèces animales et végétales vont être sacrifiées pour faire place au béton. C’est tout un éco-système qui sera définitivement rayé de la carte. En plus des impacts sur l’environnement local, l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est tout aussi dangereux pour le climat.

Tout nouveau grand projet – de surcroît inutile – émet d’importantes quantités de gaz à effet de serre (GES) lors de la phase de construction. L’Atelier Citoyen[1] a estimé que construire un nouvel aéroport entraînerait quatre fois plus d’émissions de GES que la solution alternative d’aménagement de l’aéroport actuel de Nantes Atlantique. A se demander si le Département de Loire-Atlantique et la Région Pays de La Loire – qui soutiennent ce projet – ont engagé ou non une politique globale de réductions des émissions de GES sur leur territoire.

Depuis les années 70, pensant que la révolte contre cet absurde projet ne se ferait pas, très peu de travaux ont été réalisés sur l’actuel aéroport de Nantes. Or, toujours selon l’Atelier Citoyen, il est possible de réaliser des économies afin de réduire de 40% les consommations énergétiques de l’aéroport actuel et ainsi diviser par trois ses émissions de GES. Pour les défenseurs du projet, l’urgence de construire passe clairement avant l’urgence climatique.

Vouloir investir dans une nouvelle infrastructure aéroportuaire, c’est aussi faire le choix de soutenir un mode de transport très polluant.

Le secteur aérien[2] est responsable de près de 2% des émissions mondiales de CO2. Mais si on prend en compte l’impact global de l’ensemble des GES émis par les avions, le secteur aérien est alors responsable de 5% des changements climatiques liés aux activités humaines. Alors que l’industrie aérienne prévoit une multiplication par trois du trafic aérien d’ici 2030, l’aviation n’est pas prête de connaitre la sobriété. C’est aussi un secteur qui échappe une fois de plus – après Kyoto – à des objectifs contraignants de réduction de ses émissions et qui bénéficie toujours d’une exemption de taxe sur le kérosène. Les lobbies de l’aéronautique ont réussi à exclure le secteur de l’Accord de Paris et les avions peuvent toujours voler sans se soucier du climat. Le plus dérangeant, c’est que l’État est prêt à investir, aux côtés des collectivités, près de 280 millions d’euros dans ce projet alors que le transport ferroviaire – loin d’être aussi climaticide – est quant à lui complètement délaissé : vieillissement des infrastructures, suppression des Intercités et des trains de nuit, augmentation des tarifs, libéralisation du transport par autocar, faible perspective de développement du fret ferroviaire, etc. C’est ce choix – non démocratique – d’un État qui décide de financer un mode de transport émetteur, qui doit aussi être dénoncé dans cette lutte.

Dans cette lutte, des alternatives concrètes se construisent déjà.

Sur ce site ciblé par le projet d’aéroport, de nombreuses activités et pratiques répondant aux enjeux climatiques et respectueuses du vivant sont portées par des paysan.ne.s historiques et des habitant.e.s de la ZAD.

Depuis plusieurs années, les habitant.e.s et occupant.e.s de ZAD imaginent et expérimentent, sèment, récoltent, fabriquent, construisent (maraîchage, pain, cabanes, automédia, la conserverie de Noë Verte, et bien d’autres encore). Plusieurs chantiers collectifs de culture et de construction ont été organisés sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, tels que des ateliers semences, plantations de haie, désherbage et greffes ou encore pour « refaire un dôme » le 26 juin dernier.

Les opposant.e.s à l’aéroport de Notre-Dame-des Landes ont maintes fois montré que d’autres approches, que des activités et des modèles agricoles, économiques, étaient possibles, sur et avec cette zone, tout en y assurant la préservation d’une biodiversité essentielle et rare.

« Semailles de Démocratie », le 9 et 10 juillet à Notre-Dame-des-Landes. On lâche rien.

Pour aller plus loin:

Réflexion sur l’avenir de la ZAD

 

[Notes]

[1] Atelier Citoyen

[2] Cinq mythes sur le transport aérien, Réseau Action Climat

  • 7 juillet 2016