Collectif des petits POA dans les Landes : carte et photo d'un stand
Collectif des petits POA dans les Landes : carte et photo d'un stand

Victoire citoyenne : des citoyen·nes prennent part à l’élaboration de leur Plan Climat Air Énergie Territorial dans les Landes

Le collectif des petits POA (Pays d’Orthe et Arrigans) est un groupe de citoyen·nes qui se sont organisé·es pour être intégré·es dans la rédaction du Plan Climat Air Énergie Territorial (PCAET) de leur communauté de communes. Ce plan décline et met en œuvre les objectifs internationaux, européens et nationaux en matière de qualité de l’air, d’énergie et de climat. Il définit des objectifs stratégiques et opérationnels pour atténuer le changement climatique et s’y adapter. 

Le collectif des petits POA a veillé à ce que ce dernier soit ambitieux,  réponde aux enjeux du dérèglement climatique, respecte la biodiversité et intègre différent·es acteur·ices locaux·ales.  Entretien avec Isabelle, membre de ce collectif.

Peux-tu présenter le collectif des petits POA en quelques mots et votre historique de mobilisation ?

À la base, nous sommes un groupe composé de 5-6 personnes venant de différentes organisations comme Attac, Greenpeace ou les Amis de la Terre. Nous nous sommes regroupé·es pour avoir du poids et participer à l’élaboration du projet de PCAET de notre communauté de communes. Notre nombre de membres actif·ves a été variable selon les différents moments de la campagne. 

Notre particularité est que nous sommes un collectif informel et que, selon les actions que nous avons mises en œuvre, nous avons fait appel aux différentes associations qui composent notre réseau. Nous travaillons plus particulièrement sur des actions de sensibilisation : nous avons notamment créé plusieurs jeux et animations, parfois en collaboration avec d’autres groupes ou associations. Ces jeux ont pour but de sensibiliser différents types de publics que nous rencontrons lors d’événements locaux comme la Fête du bio par exemple.

Quel a été l’élément déclencheur de la campagne ?

Début 2019, lors d’une réunion des comités locaux d’Attac à Paris, nous avons découvert l’existence des PCAET à travers le témoignage d’un groupe basé à Aix-Marseille. Les militant·es de ce groupe y ont présenté le plan de 300 mesures qu’ils ont imaginé lors de l’élaboration de leur PCAET. 

Nous nous sommes inspiré·es de ce groupe et de leur plan, et avons formé le groupe des petits POA. Nous avons commencé à élaborer notre plan climat avant que notre communauté de communes ne commence l’élaboration du PCAET.

Quelle stratégie avez-vous adoptée ? L’avez-vous pensée en amont ou l’avez-vous construite au fil de l’eau ?

Notre stratégie principale était d’arriver avec des propositions et un plan climat très précis, afin de dissuader la communauté de communes de travailler sur d’autres idées ou d’écouter les conseils d’autres acteur·ices et notamment de grandes entreprises.

Dès le début, nous nous sommes appuyé·es sur les formations et les kits proposés par Alternatiba dans le cadre de la campagne Alternatives Territoriales, qui nous ont permis·es d’être réactif·ves et d’anticiper les différentes étapes de l’élaboration du PCAET. Grâce à ces documents, nous avons, par exemple, pu nous assurer qu’une concertation citoyenne ait bien lieu dès sa conception.

Éviter tous les pièges nous a permis d’être présent·es à chaque réunion pour soutenir nos propositions que les élu·es pouvaient parfois juger trop compliquées à mettre en œuvre ou non prioritaires. L’expertise de certains des citoyen·nes impliqué·es et notre connaissance de la commune nous ont permis de pointer du doigt les incohérences de certaines propositions, et de vérifier qu’elles restent dans nos lignes.

Peux-tu nous décrire le déroulé de la campagne ?

Au cours de l’année 2019, nous avons lancé une série de réunions qui ont mobilisé entre 30 et 40 personnes de notre réseau et au cours desquelles nous avons commencé à préparer notre proposition de plan.

En parallèle, ce même groupe de travail à créé un annuaire des acteur·ices locaux·ales qui répertorie les différentes initiatives existantes sur les deux tiers du département des Landes (camion de vrac, tiers lieux de formations, maraîchers, rénovation biosourcée…). Un travail qui nous a permis d’acquérir une certaine expertise et connaissance de notre territoire.

Nous avons achevé la rédaction de notre proposition en avril 2019 et l’avons présentée en juin 2019 au cours de la réunion d’information organisée par la communauté de communes. À ce moment-là, nous avons compris qu’iels étaient obligés de faire appel à des bureaux d’études, ce qui risquait de nous compliquer la tâche. En effet, les bureaux d’étude conseillent souvent aux communautés de communes de changer de matériel, ou de mettre en place de nouveaux aménagements pour “faire des économies d’énergie” sans prendre en compte la dépense énergétique qu’allaient engendrer ces travaux ou l’importation de nouveaux matériaux fabriqués au bout du monde dans des conditions désastreuses.  

Nos craintes ne se sont pas réalisées et le travail d’expertise que nous avions fourni en amont  nous a permis d’être intégré·es au comité de pilotage (COPIL) du PCAET.

En octobre 2021, nous avons commencé à rédiger les fiches en collaboration avec la communauté de communes. Quelques mesures ont été ajoutées lors de la concertation citoyenne. Malgré nos craintes et les difficultés rencontrées aux prémices de l’élaboration de ce PCAET, nous avons au final construit des relations solides et de confiance avec la nouvelle communauté de communes. Aujourd’hui, la collaboration pour la mise en place du PCAET se déroule sans problème et au final sur les 36 fiches qui le composent, il y a quasiment tout ce que nous souhaitions, notamment concernant la sensibilisation et l’économie circulaire. C’est une victoire !

Frise chronologique du déroulé de la victoire du collectif des petits POA

Quelles difficultés avez-vous rencontrées, et comment les avez-vous surmontées ?

Nous avons eu quelques difficultés lorsque certain·es d’entre nous sont devenu·es élu·es et ont eu moins de temps disponible et que notre dynamique a été interrompue avec l’arrivée du Covid. À ce moment-là, notre équipe a souffert d’une perte de motivation, nos membres se sont éparpillés, certains ont eu des difficultés, d’autres ont dû changer de métier… Nous avons eu du mal à relancer le groupe suite à cet épisode. 

Un autre événement qui nous a ennuyé est le changement de président de la communauté de communes, le nouveau étant moins aligné avec nos idées que le précédent. Mais le projet étant déjà initié, nous avons persisté et surmonté cette difficulté.   

Aussi, un problème récurrent est la difficulté à faire comprendre aux citoyen·nes qui nous rejoignent qu’iels sont légitimes pour s’impliquer dans les politiques locales, et que leurs connaissances et compétences sont utiles et valorisables. Pour pérenniser l’implication des nouveaux et nouvelles membres, une idée que nous avions était de mettre en pratique leurs compétences dès leur arrivée en organisant, par exemple, un atelier en lien avec leur savoir-faire. L’idée était alors d’intégrer les nouvelles·aux dans le groupe, de consolider les liens entre nos membres et d’essayer de réfléchir à comment ces compétences pourraient nous être utiles dans l’élaboration ou dans la mise en application future de notre PCAET. Malheureusement, nous n’avons pas réussi à mettre cette idée en pratique tout au long de la campagne et notre groupe a fini par s’essouffler.

Et maintenant ?

Apparaître dans les fiches du plan climat dans la partie sensibilisation (écoles, centres aérés…) est une victoire qui nous permet de nous projeter pour la suite. Nous avons obtenu de l’aide pour faire de la sensibilisation auprès d’adultes (projection de films, courriers dans les boîtes aux lettres…) et auprès d’agents techniques de la commune. 

L’aboutissement du projet de Recyclerie que nous avions juste imaginé et que l’association Graine de partage a réalisé dans une belle collaboration est un élément décisif que l’on peut considérer comme un tremplin pour la suite. En plus d’être un succès, l’ouverture de cette recyclerie en 2021 nous permet d’avoir un lieu pour faire des réunions, mettre en place divers ateliers autour de différentes thématiques (low-tech, bien-être, réparation de vélo, couture…) accompagnés de sensibilisation. Avoir un espace où se retrouver, organiser des activités, et diffuser nos savoirs est une étape clé pour consolider notre groupe, et sensibiliser un public plus large. 

Notre rôle est maintenant de faire découvrir à un maximum de personnes cette recyclerie et de la faire vivre ! D’autres projets sont en cours, notamment la création d’un service d’échange local, un projet que nous avions depuis le début. Nous souhaitons également mettre en place des boîtes à dons dans les différentes communes de l’intercommunalité.

  • 2 novembre 2022