Fin du grand débat, mais pas du blabla
25 avril – Réaction à l’allocution télévisée du président de la République Emmanuel Macron : fin du grand débat, mais pas du blabla
Pas de changement de cap
« Les orientations des deux dernières années ont été bonnes. […] Elles doivent être préservées, poursuivies et intensifiées » : Emmanuel Macron persiste et signe, il veut intensifier sa politique qui nous mène vers le chaos climatique et social.
En déclarant qu’il ne changera pas de cap, le président avoue implicitement qu’il ne répondra pas aux attentes de changement radical qu’appellent les citoyen⋅nes, notamment celles et ceux qui ont bloqué la République des pollueurs à La Défense ce vendredi 19 avril dans la plus grande action de désobéissance civile en France. Les vagues annonces faites sont très loin des mesures ambitieuses et concrètes dont nous avons besoin pour répondre aux enjeux climatiques et sociaux du moment.
Pas de réponse ni à la fin du mois, ni à la fin du monde
Face au dérèglement climatique, chaque jour, chaque heure et chaque décision comptent. Or les entreprises continuent d’avoir le droit de pratiquer des activités qui émettent des gaz à effet de serre, les banques continuent d’avoir le droit d’investir dans les énergies fossiles, des projets démesurés et aberrants continuent d’être autorisés, comme Europacity, GCO, la raffinerie de la Mède, qui sont autant d’insultes aux objectifs de l’Accord de Paris de rester sous la barre de 1,5 °C.
Les grands chantiers qui devraient être entrepris dès maintenant – changement de modèle agricole, rénovation thermique des logements, plan de mobilité douce, pour n’en citer que quelques-uns – ne sont pas érigés en priorité. Pourtant ce sont des mesures concrètes de cette envergure dont nous avons besoin pour répondre à l’urgence climatique et sociale.
Emmanuel Macron ne prend pas la mesure de l’urgence climatique. Nous sommes en train de gaspiller les dernières années qu’il nous reste pour limiter le réchauffement climatique avant d’atteindre des seuils d’emballement irréversibles qui engendreront des conflits, une explosion des inégalités, une énorme extinction de biodiversité, une insécurité sanitaire, alimentaire et hydrique. Ne laissons pas nos dirigeants aveugles dépasser le point de non-retour !
Le président de la République ne répond ni aux fins de mois, ni à la fin du monde. Il continue à mettre en échec sa mission qui est de protéger la population. Il hypothèque nos vies et notre avenir.
“Replacer l’humain au centre” ?
Emmanuel Macron dit qu’il veut « replacer l’humain au centre ». Mais replacer l’humain au centre, ce n’est pas parler de croissance. La croissance est une croyance périmée qui nous conduit droit dans le mur, le pied sur l’accélérateur. À quoi bon « travailler plus » si c’est pour continuer une logique d’exploitation de la nature et des humains ?
Replacer l’humain au centre, c’est au contraire parler de sobriété. C’est mettre en place des mesures radicales maintenant pour préserver la biodiversité, pour réduire les inégalités, pour sortir de la société de consommation et faire émerger une société soutenable, juste fiscalement, socialement et écologiquement.
Replacer l’humain au centre, c’est arrêter de prendre les Français⋅es pour des idiot⋅es incapables de comprendre ce qui se passe ; c’est dire la vérité sur les impacts que le dérèglement climatique a déjà et aura sur nos vies (inondations, baisse des rendements agricoles, vagues de chaleur…) ; c’est aligner la SNBC (Stratégie nationale bas carbone) de la France avec la trajectoire 1,5 °C (par un moratoire sur tous les projets d’artificialisation des terres en cours, comme Europacity, le GCO, la Mède…) ; c’est accompagner socialement toutes les mesures de réorganisation de la société (avec la rénovation des logements, la reconversion, la création de nouveaux emplois…).
Nécessité d’un mouvement citoyen fort et déterminé
Emmanuel Macron se contente de blabla et de mesurettes ? Il s’accroche aux symboles et stagne dans l’immobilisme ? Continuons à nous mobiliser, comme lors des nouvelles mobilisations internationales pour le climat les 24 et 25 mai, et à mener des opérations de désobéissance civile comme les décrochages de portrait présidentiel dans les mairies pour dénoncer cette situation inacceptable.
Face à un président de la République qui persiste dans le déni de la catastrophe sociale actuelle et de celle, encore plus gigantesque, qui se profile si nous ne trouvons pas le moyen d’arrêter de réchauffer la planète, nous, citoyennes et citoyens devons entrer en résistance pour faire émerger d’autres manières de vivre et pour stopper les projets destructeurs du climat. Amplifions le rapport de force pour contraindre le gouvernement à faire enfin ce qu’il faut pour protéger la population des conséquences mortelles d’un emballement climatique.
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- 26 avril 2019