Appel international à la réquisition citoyenne de chaises pour obtenir le financement de la transition sociale et écologique
Appel international à la réquisition citoyenne de chaises
Les paradis fiscaux constituent un véritable trou noir de la finance mondiale où s’engouffrent au moins vingt mille milliards de dollars (d’après Tax Justice Network). Au moment où la négociation mondiale sur le climat achoppe sur les questions du financement de la lutte contre le dérèglement climatique, laisser se perpétuer ce détournement massif d’argent public est non seulement irresponsable mais criminel. Les paradis fiscaux sont aussi au cœur de l’économie mondiale du crime sous toutes ses formes : drogue, ventes d’armes, terrorisme, blanchiment d’argent sale.
C’est pour poser publiquement ce problème, qui reste trop souvent confiné à des milieux spécialisés, qu’un mouvement symbolique non violent est né au pays basque pour protester contre l’évasion fiscale organisé par la banque HSBC, puis s’est étendu en France, en Belgique et en Suisse à toutes les banques pratiquant l’évasion fiscale. 196 chaises ont ainsi été réquisitionnées dans les agences de ces banques par les Faucheurs de Chaises afin de faire le lien entre l’évasion fiscale organisée par de nombreuses banques et le manque de financements pour le climat, notamment les cent milliards de dollars annuels promis dès 2020 aux pays en développement pour financer l’adaptation climatique.
196 délégués de la société civile du monde entier, représentant une diversité de cultures et de mouvements engagés dans la lutte contre les dérèglements climatiques, se sont ainsi donnés rendez vous pour siéger au « Sommet des 196 Chaises » le 6 décembre, lors du Forum Climat à Montreuil, dans un sommet citoyen mondial auquel participaient également plusieurs acteurs majeurs de la société civile mondiale : John Christensen (Tax Justice Network), Aissatou Diouf (Enda), Bill McKibben (350.org), Lidy Nacpil (Jubillee South – Asia/Pacific Movement on Debt and Development), Vandana Shiva (Navdanya) et Aurélie Trouvé (Attac France).
Ce mouvement de désobéissance civique non violent veut obliger les tricheurs et les fraudeurs fiscaux à respecter les exigences de contribution qui sont celles de tous les citoyens. Il va maintenant se poursuivre et s’étendre au plan international.
Des personnalités comme Marcos Arruda (économiste brésilien), Hindou Oumarou Ibrahim (coordinatrice de l’association des femmes peules autochtones du Tchad), Anabella Rosenberg (syndicaliste), Yeb Saño (négociateur philippin à la COP 21), Txetx Etcheverry (Alternatiba), Susan George et d’autres porte-paroles des cinq continents ont proclamé lors de ce sommet citoyen mondial les « Solutions des peuples pour financer la transition » : taxe sur les transactions financières, taxe carbone, restructuration des dettes publiques, création monétaire pour le climat et l’emploi, désinvestissement des combustibles fossiles… (Voir ci dessous.)
C’est dans cet esprit que nous appelons l’ensemble des mouvements citoyens du monde entier à utiliser cette méthode simple, non violente et créative, pour placer au cœur du débat public mondial cette question de l’évasion fiscale et des paradis fiscaux et obtenir enfin la mise en œuvre effective de décisions plusieurs fois annoncées mais régulièrement étouffées sous la pression des lobbies financiers.
« Solutions des peuples pour financer la transition »
Conclusion de la table ronde « Financer la transition sociale et écologique », à l’initiative de Action Non Violente COP21, Attac, Bizi ! et les Amis de la Terre.
Notre planète est en train de brûler et nos gouvernements regardent ailleurs. Le changement climatique est déjà une tragédie pour des millions de personnes et menace la vie telle que nous la connaissons sur cette planète. Pourtant, les 196 membres de la Conférence sur le climat de Paris sont incapables de trouver 100 milliards $ par an pour financer le Fonds vert pour le climat. Et il faut beaucoup plus.
Mais nous, les mouvements sociaux de par le monde, nous savons où est l’argent pour financer un avenir propre.
- Paradis fiscaux
Nous devons arrêter l’évasion fiscale afin d’augmenter les recettes fiscales des États nationaux. Nous devons aussi stopper l’argent qui va à des activités criminelles et terroristes.
Dès maintenant, nous voulons que tous les pays créent des registres publics identifiant les véritables propriétaires des sociétés immatriculées sur leur territoire.
Juste après cela, nous voulons que tous les pays se conforment pleinement à la nouvelle norme internationale d’échange automatique d’informations sur les comptes bancaires.
Aujourd’hui, nous lançons l’appel international à actions : «Des chaises pour la justice climatique », contre les banques qui traitent avec les paradis fiscaux.
- Dette
Nous devons alléger le fardeau de la dette sur les budgets publics. Nous devons également mettre fin à la domination des marchés financiers et des banques sur les gouvernements démocratiquement élus.
Dès maintenant, nous voulons une annulation à 100% des dettes multilatérales, dans le cadre de l’annulation totale des dettes réclamées au Sud, sans conditionnalités imposées de l’extérieur.
Juste après cela, nous voulons des Audits citoyens des dettes publiques et la restructuration / annulation des dettes illégitimes et/ou insoutenables.
- Taxes globales
Nous devons financer l’action internationale contre la pauvreté et le changement climatique. Il nous faut également décourager la spéculation financière et les émissions de carbone. Nous devons enfin éliminer le dumping social et écologique.
Dès maintenant, nous voulons une taxe mondiale sur les transactions financières avec une assiette large et aucune échappatoire.
Juste après cela, nous voulons des taxes mondiales sur les émissions des transports (billets d’avion, taxe kilométrique …).
- Combustibles fossiles
Nous devons réduire les dépenses publiques toxiques et les investissements privés nuisibles, afin de libérer des ressources pour les énergies renouvelables.
Dès maintenant, nous voulons la fin des subventions aux combustibles fossiles sans porter préjudice aux plus modestes.
Juste après cela, nous voulons que tous les acteurs financiers retirent leurs fonds placés dans l’industrie des combustibles fossiles.
- Banques
Nous devons financer des projets privés et publics pour décarboner l’économie et créer des emplois climatiques par millions. Nous devons également rendre les banques responsables devant la société civile et le public.
Dès maintenant, nous voulons que les banques centrales déploient leur création monétaire (« assouplissement quantitatif ») non pas pour les banques privées, mais pour les peuples et la planète. Nous voulons que les banques publiques et privées cessent de financer les carburants fossiles.
Juste après cela, nous voulons une gouvernance démocratique des banques par leurs parties prenantes.
Il n’y aura pas de paix sans justice climatique.
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- 6 décembre 2015