Il capte l’eau et la chaleur : le premier parc “résilient” inauguré à Copenhague

Inaugurés fin 2015, le square Tåsinge Plads et son système de drainage des eaux intelligent permettent de préserver les habitants des îlots de chaleur et des inondations. Plus de 10 000 citoyens ont participé à la rénovation du quartier alentour.

Les sculptures et parterres de plantes du parc (Crédit : David Buchmann via Citiscope.org)

Les sculptures et parterres de plantes du parc (Crédit : David Buchmann via Citiscope.org)

 

 

À première vue, le square Tåsinge Plads n’est pas différent des autres parcs de Copenhague, au Danemark. Situé dans le quartier Saint Kjelds, on y trouve des fleurs sauvages et des arbres récemment plantés sur une petite colline. On y croise des couples, des enfants qui jouent et des femmes âgées assises à l’ombre de hautes sculptures qui évoquent des parapluies à l’envers.

Mais à y regarder de plus près, le parc comporte quelques traits de caractère bien à lui. À la demande la ville, en 2012, les architectes du cabinet Tredje Natur ont commencé à l’aménager de manière à l’intégrer au premier “quartier résilient au changement climatique”. En clair, il s’agissait d’adapter le parc aux aléas météorologiques, de le rendre capable de résister aux fortes chaleurs ou aux fortes pluies, par exemple.

Image de synthèse du parc (Crédit : klimakvarter.dk)

Image de synthèse du parc (Crédit : klimakvarter.dk)

En cas de forte pluie, des parterres de fleurs drainants et des cuvettes intégrées à des sculptures se remplissent d’eau. De quoi recueillir le surplus d’eau jusqu’à ce que la perturbation s’arrête. Une fois la pluie passée, l’eau récoltée permet d’arroser les plantations lorsque ces dernières le réclament. Le tout, grâce à un système intelligent qui dirige les eaux pluviales vers le bas, dans de grands réservoirs souterrains.

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Au-dessus de ces réservoirs, au sol, les concepteurs du parc ont installé des panneaux sur lesquels les enfants peuvent sauter. Quand ils le font, l’énergie cinétique délivrée provoque le déclenchement d’une pompe à eau souterraine, qui permet d’arroser les plantes avec l’eau stockée.

Mais ce n’est pas tout. Dans ce parc, le bitume est quasi inexistant, au profit de la verdure, ce qui réduit les effets d’îlot de chaleur urbains, qui rendent les villes irrespirables et sont souvent responsables d’une augmentation des précipitations. Accompagné du système de drainage d’eau, l’air du parc redevient ainsi plus pur et plus respirable.

 

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Ce projet n’est pas uniquement le fait d’un cabinet d’architecte. Plus de 10 000 personnes ont participé au réaménagement du parc et, plus largement, à l’espace urbain alentour, délaissé il y a encore trois ans. Le tout, à travers 170 initiatives organisées par des citoyens. Jardins communautaires, projets d’art et de rencontre… Le parc s’imbrique désormais dans un espace urbain “vert”. C’est l’ensemble du quartier Saint Kjelds que la municipalité de Copenhague, des architectes et des citoyens ont ainsi contribué à remodeler.

L’eau, une ressource pour améliorer la vie urbaine

D’autres projets comparables sont actuellement en cours au Danemark, faisant eux aussi appel à des systèmes de drainage de l’eau et de petits étangs la retenant jusqu’à ce qu’elle puisse être évacuée intelligemment. Des projets urbains inspirés d’une “Venise idéale”, où les canaux retiennent l’eau avant de la relâcher dans le port au moment voulu.

Pour Flemming Rafn Thomsen, fondateur du cabinet d’architectes Tredje Natur, “l’eau peut être utilisée comme une ressource pour améliorer la vie urbaine : à Copenhague, nous avons la vision d’une ville hybride, qui fusionne en bon équilibre avec la nature, la biologie urbaine et les êtres humains”.