Partenariat Amazon – Naturalia : Action pour dénoncer les dangers derrière cette alliance

  • 0

Partenariat Amazon – Naturalia : Action pour dénoncer les dangers derrière cette alliance

Lyon, le 17 avril 2021, Communiqué de presse Alternatiba ANV Rhône

Alors qu’Amazon renforce son partenariat avec Monoprix et Naturalia pour la vente et la livraison des produits des enseignes sur leur plateforme (1), 20 activistes d’Alternatiba ANV Rhône ont organisé une action symbolique/théâtralisée devant un magasin Naturalia pour interpeller l’opinion publique sur les dangers que laisse entrevoir cette alliance et en demander la fin.

En plus de l’incohérence d’acheter du bio via la plateforme en ligne très critiquée, ce partenariat est la première étape de la stratégie d’Amazon pour faire main-mise sur les réfrigérateurs des français, ce qui pourrait menacer nos producteurs locaux ainsi que tout le secteur de l’alimentaire tricolore. Il faut agir maintenant pour stopper l’expansion d’Amazon, mais le gouvernement et la majorité s’entêtent à lui dérouler le tapis rouge, et viennent de refuser toute régulation des entrepôts de E-commerce dans le cadre de la loi Climat Résilience.

Crédit photo : Bastien Doudaine

Acheter du bio sur Amazon, une incohérence TOTALE !

A quoi bon acheter du bio si cela profite à l’une des entreprises dont les impacts environnementaux et sociaux sont parmi les pires au monde ?  

En 2019, ATTAC, les Amis de la Terre et l’Union Syndicale Solidaire ont calculé l’empreinte carbone du géant du e-commerce. Le résultat : 55,8 millions de tonnes de gaz à effet de serre émis en 2018, soit l’équivalent des émissions du Portugal (2) !

La stratégie d’Amazon consiste à inonder un marché déjà saturé de milliards de produits neufs en pratiquant des tarifs très agressifs permis par une stratégie d’évitement des taxes, alors même que pour rester dans une trajectoire de réchauffement à 1.5°C il nous faudrait diviser par 10 les mises en marché de produits textiles et environ par 3 celles des  produits électroniques (3).

De plus, le « bio » vendu  par Naturalia provient des 4 coins du globe !… et remplit les caisses d’un groupe déjà controversé. Saisi en justice pour l’accélération de la déforestation de l’Amazonie (4), le groupe Casino (dont Naturalia et Monoprix font partie) s’illustre de nouveau en permettant au GAFAM de mettre un pied dans la porte de nos frigos.

Au niveau économique et social le bilan n’est pas meilleur, Amazon serait responsable depuis 10 ans de la destruction nette de 80 000 emplois en France et en menace autant d’ici 2028 (5)

L’achat « bio » est souvent motivé par des raisons éthiques et écologiques. Quel intérêt si cela contribue à la stratégie de greenwashing d’entreprises aux impacts dévastateurs sur notre société et notre environnement ?

Un danger sur le long terme pour le secteur alimentaire


 Amazon planifie depuis les années 90 une stratégie de monopole de biens de consommation et via sa diversification à de nombreux secteurs (d’abord les livres jusqu’à l’alimentation aujourd’hui).

En ce qui concerne le secteur alimentaire, la firme investit en amont ainsi qu’en aval de la chaîne d’approvisionnement (6). Aux États-Unis,  après avoir lancé Amazon Fresh en 2007 (livraison de produit frais à domicile), puis racheté l’enseigne Whole Foods en 2017  elle a fini par lancer ses propres magasins Amazon Go sans caissier en 2018, puis des Dark Store (mini entrepôts de produits frais en centre ville sans client) en 2020 (7) qui commencent à faire leur apparition en France (8).

Ce plan, en plein déploiement en Europe, a été conçu dans le but de remplacer les épiceries et les supermarchés. La capitale britannique a été la première ville Européenne à voir ouvrir un magasin Amazon Go sur le continent européen, le 4 mars 2021. 

La stratégie est simple : d’abord étudier le marché à l’aides des données collectées sur son site, puis combiner des tarifs bas, grâce à l’évitement des taxes, avec des livraisons ultra rapides. Un cocktail parfait pour attirer une clientèle massive qui ne consommerait plus qu’au travers de la plateforme ! L’acquisition du monopole du marché pourrait ensuite permettre une augmentation des prix.

Amazon a récemment été condamnée en Allemagne car elle refusait d’afficher la provenance de ses produits (9), ce qui n’inspire pas la confiance. Laisser notre alimentation entre les mains du géant du e-commerce reviendrait à mettre nos producteurs locaux en concurrence avec des produits du monde entier qui ne sont pas concernés par les normes françaises et européennes, ce qui nuirait à la fois au climat, à notre santé et à une possible sécurité alimentaire.

Alors que le commerce de proximité non alimentaire est déjà mis en  péril par le géant américain nous ne pouvons pas laisser Amazon détruire aussi nos épiceries de quartier.

En 2016, la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture) et l’IPES (Panel International d’Experts sur les Systèmes Alimentaires Durables) ont appelé à s’éloigner du système alimentaire industriel concentré et à diversifier les systèmes alimentaires dans le monde entier. Dans le même temps, les décideurs politiques dressent le tapis rouge à la multinationale pour l’installation de méga-entrepôts sur le territoire et l’établissement de partenariats mettant en danger nos emplois, notre culture, notre santé et notre environnement. C’est pour ces raisons qu’Alternatiba ANV Rhône, avec la Confédération Paysanne, s’oppose fermement au partenariat entre Amazon et Naturalia et plaide pour le développement d’une agriculture et d’un système alimentaire résilients à l’échelle nationale.

Contact Presse : Charles de Lacombe 07 80 06 93 87

(1)https://www.lsa-conso.fr/amazon-recentre-son-offre-alimentaire-autour-de-monoprix,372688
(2)https://www.lexpress.fr/actualite/societe/environnement/des-ong-denoncent-l-impact-environnemental-d-amazon_2108779.html
(3)https://www.bl-evolution.com/Docs/181208_BLevolution_Etude-Trajectoire-rapport-special-GIEC-V1.pdf
(4)https://fr.euronews.com/2021/03/05/deforestation-en-amazonie-le-groupe-casino-assigne-en-justice
(5)http://www.kavalacapital.com/content/20201201-Rapport_ecommerce.pdf
(6)https://www.foodsystemsjournal.org/index.php/fsj/article/view/864
(7)https://www.lsa-conso.fr/le-magasin-entrepot-prend-corps-chez-amazon-et-les-autres,358623
(8)https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/03/17/dark-store-plongee-dans-un-supermarche-de-l-ombre_6073393_3234.html
(9)https://www.lefigaro.fr/flash-eco/allemagne-la-justice-contraint-amazon-a-specifier-l-origine-de-ses-fruits-et-legumes-20210218

Crédit photo mise en avant : Bastien Doudaine