Pour un vrai débat démocratique face à Amazon : réponse au député Jean-Luc Fugit

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Jean Luc Fugit & Amazon

Pour un vrai débat démocratique face à Amazon : réponse au député Jean-Luc Fugit

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Lyon, 14 décembre 2020

Suite à la mobilisation d’Alternatiba ANV Rhône pour dénoncer l’inaction du gouvernement face à Amazon le 4 décembre dernier, le député Jean-Luc Fugit n’a eu de cesse de critiquer dans la presse les modalités d’action[source]. À aucun moment il n’a abordé le fond du sujet, prétextant que le collectif ne l’aurait jamais sollicité sur ce dossier. Ce mensonge illustre parfaitement la complicité du gouvernement dans le développement effréné d’Amazon en France, une catastrophe aussi bien sur le plan social qu’environnemental. Face à l’urgence, un moratoire s’impose ! Si M. Fugit est aussi concerné par les commerces de proximitéqu’il le prétend, il est grand temps qu’il se saisisse pleinement de cette question et Alternatiba ANV Rhône l’invite pour cela à un débat public. 

Une rencontre avec Jean-Luc Fugit dès novembre 2019 !

Il y déjà plus d’un an, un des portes paroles d’Alternatiba ANV Rhône avait pris rendez-vous avec M. Fugit pour aborder le sujet du développement d’Amazon. En tant que membre de la commission développement durable à l’Assemblée nationale, il était le premier député du Rhône concerné par la loi Économie Circulaire. A l’époque le Haut Conseil pour le Climat dans son rapport rappelait l’importance de limiter l’empreinte carbone importée [source]. Amazon, avec ses projets de méga-entrepôts partout en France, menace d’augmenter drastiquement celle-ci. Un entrepôt, tel que celui en projet à St Exupery, permettrait la vente de près de 250 millions de produits neufs par an. La question de la pollution de l’air a également été mise sur la table puisqu’un entrepôt engendre la circulation de 4000 véhicules légers et 1000 poids lourds par jour [source].

Lors de cet entretien, M. Fugit a indiqué être préoccupé par le sujet et s’est dit « potentiellement intéressé » à l’idée de soutenir une proposition de moratoire sur les entrepôts du e-commerce.

Des paroles qui n’engagent à rien…  

Suite à cet entretien, et malgré de nombreuses relances, aucune prise de position politique n’a pu être observée. Alors que plusieurs députés de la majorité se sont emparés de cet amendement et l’ont déposé en commission développement durable, M. Fugit, lui, a brillé par son absence [source]. L’amendement n’ayant pas été retenu lors des débats le moratoire devra encore attendre. 

Alternatiba ANV Rhône n’est pas le seul collectif à l’avoir sollicité sur le sujet, FRACTURE aussi !

Début juin, une proposition de loi dont la principale mesure était un moratoire sur les entrepôts de e-commerce a été déposée à l’Assemblée nationale [source]. Profitant de cette occasion Gilles Renevier, le président de FRACTURE (association mobilisée contre la plateforme Amazon de Lyon St Exupéry depuis 2017) a également sollicité M. Fugit pour lui demander son avis sur le sujet. La proposition devait être « étudiée » d’après le député. Quelques semaines plus tard, M. Renevier a sollicité le député pour l’interroger sur l’absence des entrepôts du e-commerce dans la proposition de moratoire sur les zones commerciales [source]. Cette fois-ci M. Fugit a prétexté attendre le positionnement de la métropole nouvellement élue pour se positionner.

D’une proposition de moratoire à une mission pour faciliter l’implantation d’Amazon

Début juillet, Mme Pompili, nouvelle ministre de l’environnement, a proposé un moratoire de 6 mois sur les entrepôts du e-commerce [source]. En l’absence de soutien de la majorité et du gouvernement elle a dû revoir sa copie lors du conseil de défense estival. Sa proposition s’est muée en lettre de mission pour faciliter l’émergence de sites logistiques “clés en main” et garantir le “développement durable” du commerce en ligne et des entrepôts logistiques [source] !

Dès lors, la majorité a commencé à montrer son vrai visage sur la question du e-commerce, ne jurant que par la digitalisation des commerces de proximité pour répondre à la crise du COVID et en appelant à la responsabilisation des consommateurs. Dans le même temps le gouvernement a confirmé sa volonté de simplifier l’implantation d’Amazon en France par la loi ASAP [source]. M. Fugit a cette fois-ci été présent et a voté favorablement pour cette loi, cautionnant ainsi la politique gouvernementale sur le sujet.

Rien de tel qu’un débat public sur le sujet

Le collectif Alternatiba ANV Rhône reste ouvert au dialogue, mais force est de constater qu’il aura fallu une action de désobéissance civile pour faire sortir de sa passivité M. Fugit.

Face à son silence de plus d’un an sur le sujet, l’utilité d’un énième tête à tête dans sa permanence de Givors peut légitimement être questionnée. Le collectif pourrait cependant organiser un débat public début 2021 sur le développement d’Amazon en France. M. Fugit pourrait à cette occasion répondre concrètement à cette question : alors qu’entre 2008 et 2018 le e-commerce est responsable de la  suppression nette de 114 000 emplois dans le commerce de détails est-ce que le gouvernement va s’emparer du sujet [source]?

Dans l’attente d’une réponse claire, M. Fugit comme l’ensemble des députés de la majorité reste co-responsable de la politique menée par Emmanuel Macron qui tend à faciliter le développement destructeur des géants du e-commerce tels qu’Amazon.

Contact Presse : 

Adrien Montagut Alternatiba/ANV Rhône – 06 74 10 27 67 – adrien.montagut@protonmail.com