Premier procès des décrocheurs : l’État veut sanctionner pour l’exemple

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Premier procès des décrocheurs : l’État veut sanctionner pour l’exemple

Premier procès #DécrochonsMacron : l’Etat veut sanctionner pour l’exemple

Accompagné par une forte mobilisation citoyenne sur place et dans tout l’Hexagone, le premier procès pour décrochage de portrait d’Emmanuel Macron s’est tenu aujourd’hui à Bourg-en-Bresse. À l’issue d’une longue audience lors de laquelle a été plaidé l’état de nécessité, le procureur a requis 2000 euros d’amende pour cinq des prévenus, et 1 000 euros pour le dernier. Une réquisition particulièrement sévère que condamne Action Non-Violente COP21 (ANV-COP21), qui espère que les juges reconnaîtront, eux, l’impératif climatique qui a poussé les militants à agir, lors de leur décision du 12 juin prochain. Pendant ce temps, les actions continuent : 15 nouveaux portraits ont été décrochés aujourd’hui, en solidarité avec les prévenus.

A 13h30, Nicolas Guerrini, Vincent Versluys, Hélène Lacroix, Jean-Marie Roche, Philippe Muraille et Anne-Sophie Trujillo-Gauchez ont comparu devant le tribunal de Bourg-en-Bresse pour “vol en réunion et par ruse” dans la mairie de Jassans-Riottier (Ain), risquant 10 ans de prison et 150 000 euros d’amende. Les trois avocats Thomas Fourrey, Christelle Mercier et Sophie Pochard ont plaidé l’état de nécessité, démontrant que les critères d’urgence, de nécessité de l’action et de proportionnalité étaient remplis face à l’ampleur du dérèglement climatique. Face à cela, le procureur a requis une lourde peine : 2000 euros d’amende sans sursis pour cinq des prévenus, et mille euros pour celui qui avait accepté le prélèvement ADN.

Cette requête est particulièrement lourde : une amende de 2000 euros ferme, pour la réquisition d’un portrait qui en vaut moins de 10, est une décision profondément politique, dans la lignée de la répression qui s’abat sur les militants non-violents d’ANV-COP21 depuis le début de ces actions [1]. Nous faisons face à une volonté très claire d’intimidation pour que les réquisitions de portraits de Macron cessent. Mais notre détermination reste inchangée : tant que l’État ne prendra pas les mesures ambitieuses nécessaires pour enrayer le dérèglement climatique, nous poursuivrons les réquisitions. Nous espérons que les juges, eux, reconnaîtront la nécessité de ces actions que nous menons pour la survie de leurs enfants et de la planète.”affirme Rémi Donaint, d’ANV-COP21.

Une détermination éprouvée le jour même puisque tout au long de la journée, de nouveaux portraits ont été réquisitionnés en solidarité dans plusieurs territoires : 5 portraits dans la région de Bordeaux, 5 au Pays basque, 2 dans l’Aude, 1 à Paris et 2 dans les Ardennes, portant à 55 le nombre total de portraits réquisitionnés. A Bourg-en-Bresse, 500 personnes étaient présentes à l’entrée du tribunal après une déambulation festive et déterminée. Toute la journée, conférences et formation à l’action non-violente étaient organisées non loin du tribunal. De nombreuses personnalités, élus régionaux, locaux, représentants associatifs étaient venus de partout pour apporter leur soutien. Trois témoins de renom (Wolfgang Cramer, contributeur du GIEC, Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace France, et Frédi Meignan, président de Mountain Wilderness France) avaient fait le déplacement pour attester des conséquences du dérèglement climatique, mais les juges ont refusé de les entendre. Le maire de Pérouges, Paul Vernay, quant à lui, est venu avec le portrait présidentiel qu’il a lui-même décroché de sa mairie.

Alors que le ministre de la Transition écologique et solidaire François de Rugy s’est fendu d’un tweet pour dénoncer l’action et prétendre avec mauvaise foi que la France est “à la pointe de l’action pour le climat” [2], l’ampleur de ces soutiens conforte les militants climat à poursuivre leurs actions. Les réquisitions menées aujourd’hui permettent de se rapprocher de l’objectif qu’ils se sont fixé dans un appel paru le 23 mai et signé par plus de 80 personnalités à réquisitionner 125 portraits d’ici au G7 fin août [3], soit autant de portraits que le nombre de jours qu’il a suffi à la France pour dépasser son budget écologique. Alors que la décision du tribunal est attendue pour le 12 juin, d’autres procès sont d’ores et déjà annoncés : le 26 juin à Strasbourg, le 27 juin à Bonneville, le 2 septembre à Lyon, le 11 septembre à Paris, le 13 septembre à Orléans, le 9 octobre à Mulhouse, le 4 novembre à Grenoble, le 17 décembre à Saint-Etienne et le 12 février 2020 à Lyon. ANV-COP21 appelle à de nouvelles réquisitions, à la mobilisation massive des territoires en solidarité avec ces procès et à la libération immédiate des quatre militants basques encore en garde à vue suite aux actions menées aujourd’hui.

 

[1] Depuis les premières réquisitions de portraits le 21 février, 91 personnes ont été auditionnées, 10 procès sont prévus et le Bureau de lutte anti-terroriste a été saisi.

[2] https://twitter.com/FdeRugy/status/1133368918775668736

[3] https://reporterre.net/Face-a-l-irresponsabilite-de-M-Macron-decrochons-ses-portraits