Nouvelle dégradation des ressources en eau potable dans la Vienne

Malgré les précipitations de ces derniers jours, les ressources en eau disponibles sont toujours dans un état précaire…

Les nappes phréatiques de la Vienne sont déficitaires pour les 3/4 d’entre elles. Les précipitations entre septembre 2018 et mars 2019 n’ont pas permis leur rechargement. Sur l’ensemble du territoire de l’ex-région Poitou Charentes, la situation n’est pas meilleure. Les débits des cours d’eau sont aussi à la baisse.

En conséquence, la qualité de la ressource pour l’alimentation en eau potable s’est à nouveau dégradée depuis quelques mois :
— 8 points de prélèvement dans la Vienne sont en dérogation ou demande de dérogation pour niveau de pesticides trop élevés
— à Grand Poitiers, autour de Noël, le niveau de nitrates a été tel que les autorités se sont demandées si elles n’allaient pas être obligées de couper l’alimentation en eau potable pour une partie notable de la population.
— certaines nappes profondes commencent à être polluées alors qu’elles sont protégées par une épaisse couche d’argile.

Les nitrates et les pesticides constituent la première cause de dégradation de la qualité de l’eau.


Parallèlement, deux arrêtés signés d’une part par les préfets de Vendée, Charente-Maritime, Vienne et Deux-Sèvres et d’autre part par les 4 préfets de l’ancien Poitou Charentes viennent d’être annulés par le tribunal de Poitiers : Pourquoi ?

  • Le premier devait confier à l’établissement public du Marais poitevin le soin de gérer les ressources en eau du gigantesque bassin-versant du Marais poitevin (6 390 km²), qui s’étend sur ces quatre départements. Le second devait règlementer les prélèvements d’eau pour les 15 années à venir sur le bassin de la Charente et de ses affluents amont.
  • Dans les deux cas, les enquêtes publiques et les études d’impact liées à la fixation des volumes prélevables pour les années à venir par les agriculteurs irrigants présentent des carences importantes, et sont en totale contradiction avec les obligations de la France en matière de protection des milieux aquatiques fixées par une directive de l’Union européenne et inscrites depuis dans la loi française.
  • Les volumes finalement autorisés sont colossaux et dépassent les volumes réellement prélevés jusqu’à présent, alors qu’ils sont d’ores et déjà jugés excessifs par les spécialistes de l’environnement. Dans les deux cas, l’État, par l’intermédiaire de ses préfets, s’en remet à la sagesse des irrigants. Une drôle de conception de son pouvoir de police, selon les dires mêmes du rapporteur.

Ce n’est pas acceptable!!!

La séquestration de l’eau pour le seul profit d’une seule et unique catégorie socioprofessionnelle, qu’elle soit agricole ou industrielle, n’est pas acceptable dans le contexte général de la dégradation de la ressource en eau.

Nous demandons aux pouvoirs publics et aux élus de prendre leurs responsabilités!!!

  • Les autorités publiques doivent conditionner les autorisations et subventionnement des réserves de substitutions (bassines) à des volumes et des pratiques agricoles adaptées à la ressource et respectueuses de la biodiversité.
  • Il est évidemment indispensable de respecter la hiérarchie des usages fixés par la loi: d’abord l’eau potable puis les milieux aquatiques puis les usages économiques.
  • Il faut faire respecter la protection règlementaire des cours d’eau et des nappes phréatiques vis à vis des pesticides en s’en donnant les moyens humains et techniques.
  • Il faut engager de véritables réductions d’intrants, planifiées et quantifiées, dans la mise en place des programmes Re_Sources visant la protection des aires d’alimentation des captages.
  • Il faut que la préfecture déclare toute zone de captage prioritaire et toute zone de captage en dérogation pour dépassement des normes de potabilité en Zone Sensible à Contrainte Environnementale (ZSCE) ce qui permet d’interdire toute pratique polluante.
  • Il faut adapter les analyses d’eau à l’évolution de la composition des pesticides et rechercher l’ensemble des molécules utilisées (perturbateurs endocriniens, radionucléides…).
  • Il faut enfin faire supporter le coût de la dépollution aux pollueurs plutôt qu’aux usagers de l’eau potable.

Crédits : Alternatiba Poitiers.