Bilan mitigé des engagements climat pris par les candidat·es et appel à amplifier la mobilisation citoyenne

Orléans, le 27 janvier 2020. Lundi, Alternatiba Orléans a présenté aux citoyen·nes les engagements climat pris par les candidat·es pour les municipales à Orléans dans le cadre de son Pacte pour une transformation écologique. L’association tire un bilan mitigé : même si toutes les listes intègrent le climat dans leur programme, pas toutes en font une priorité. La démarche citoyenne inspire déjà plusieurs autres collectifs dans la Métropole.

Quoi espérer des candidats aux municipales pour une transformation écologique de la Métropole d’Orléans ? 70 citoyen·nes étaient présent·es ce lundi 27 janvier à La Ruche en scène pour assister à la présentation du Pacte pour une transformation écologique et échanger sur le bilan des engagements pris par chaque liste.

But : rehausser le niveau d’engagement écologique des candidat·es et proposer des repères aux citoyen·nes

“Notre objectif est triple”, précise Vincent Lombard, militant d’Alternatiba Orléans. “Tout d’abord, ce pacte permet de connaître le positionnement des candidat·es sur ces 4 mesures clés. Ensuite, cette démarche permet de faire de ces thèmes les enjeux principaux de ces élections, car face à l’urgence, ces municipales sont le dernier mandat pour le climat. Enfin, à travers notre travail, nous proposons des repères aux citoyen·nes quant aux  engagements pris à la hauteur ou non de l’urgence climatique, sociale et environnementale.”

Télécharger en pdf le bilan et les commentaires

Ce tableau a été établi en fonction des engagements pris ou non et par rapport aux échanges eus avec chacune des listes lors de la signature du Pacte. Ce bilan est accompagné de commentaires, permettant de donner des éclaircissements sur ce bilan.

“Le bilan des engagements est mitigé : nous nous réjouissons que toutes les listes aient intégré des mesures écologiques à leur programme, comme l’engagement de développer une agriculture soutenable, de rénover énergétiquement des bâtiments résidentiels ou de soutenir une alimentation plus saine et éthique. Cependant chez certaines, nous ne sentons pas que ces sujets soient une priorité au vu des échanges que nous avons eus avec elles.”, précise Vincent Lombard. “Par ailleurs, nous faisons le constat que le choix d’une gestion publique de l’eau et de l’assainissement est un sujet qui divise, même si une majorité des listes candidates y est favorable. D’autres sujets sont aussi clivants, comme la gratuité des transports en commun. Face à l’urgence climatique, le traitement prioritaire de ces questions est pourtant vital.

La soirée à la Ruche en Scène a été aussi l’occasion d’échanger  sur comment des citoyen·nes pouvaient proposer ce Pacte pour une transformation écologique aux listes candidates des autres communes de la métropole, sachant que c’est déjà le cas dans certaines communes comme Ingré, Saint-Hilaire-Saint-Mesmin ou Fleury-les-Aubrais. Il a été aussi question d’échanger sur la suite à donner à cette démarche d’Alternatives Territoriales d’ici le premier tour des élections, maintenant que les positions des différents candidat·es sur ces sujets portées par le Pacte sont connues.

Les citoyen·nes restent vigilants : “Nous pouvons nous interroger sur des engagements pris par certaines listes, au regard de leur bilan de ce mandat ou de leur mandat passé. Si un élu ne respecte pas ses engagements, il met en péril sa crédibilité et  il sera plus facile pour nous de marquer notre opposition à une décision des futurs élus. Preuve à l’appui, nous ne manquerons pas à maintenir la pression citoyenne. Enfin, d’ici mars, nous réfléchissons à des moyens pour dénoncer les listes dont les programmes ne seront pas à la hauteur ou qui n’incluront pas les actions concrètes sur lesquelles elles se sont engagées.” annonce Geneviève Cribier.

Le Pacte pour une transformation écologique a été élaboré par Alternatives Territoriales, groupe de travail d’Alternatiba Orléans qui fait du plaidoyer auprès des acteurs politiques à Orléans aux côtés de plusieurs autres collectifs : SPLF 45, Ingré-Ormes 2030, A l’Eau Citoyenne et Youth For Climate Orléans. Le document est composé de 4 mesures clés, déclinées chacune en actions concrètes, proposées aux listes candidates. Ces dernières ont été rencontrées entre le 7 et le 22 janvier, rencontres durant lesquelles les citoyen·nes leur ont proposé de s’engager sur les actions de leurs choix. La signature engage la liste à faire figurer dans son programme les actions choisies et à les mettre en œuvre si elle est élue.

 

Commentaires sur les engagements pris

 

#1 – Rénovation énergétique des bâtiments résidentiels et précarité énergétique :

  • O. Carré ne considère pas cette mesure comme prioritaire pour répondre à l’urgence climatique et sociale (alors qu’elle est une priorité nationale), et n’a manifestement pas la volonté de prévoir, au niveau des budgets de la métropole et d’Orléans, les financements pour subventionner les travaux en complément des aides existantes.
  • S. Grouard ne s’engage pas sur des délais pour la mise en œuvre des actions pour lutter contre la précarité énergétique.
    T. Ben Chaabane, N. Kerrien, V. Pelé et S. Grouard : aucune précision donnée sur le budget que devront consacrer la métropole et Orléans en complément des aides existantes pour subventionner massivement les travaux engagés par les propriétaires occupants et bailleurs .
  • J.-P. Grand vise la rénovation énergétique des +/- 14 500 logements occupés par des ménages en précarité énergétique en prévoyant de compléter les aides existantes à hauteur de 30 à 40 M € /an (aides européennes à aller chercher et subventions sur budgets de la métropole et/ou d’Orléans) ce qui permettra de subventionner à hauteur de 90% les travaux pour les propriétaires occupants et de 50% pour les propriétaires bailleurs ( pour un coût moyen des travaux compris entre 30 et 40 000 € par logement )
  • N. Kerrien ne s’est pas engagée pour une mise en service rapide d’un guichet unique (Plateforme locale de Rénovation de l’Habitat) et le commencement rapide de la rénovation des zones pavillonnaires. Pourtant, elle a adhéré à la proposition d’éradiquer les passoires thermiques. On voit mal comment ce premier plan d’actions visant la massification des rénovations pourrait tenir ses engagements sans la constitution rapide du guichet unique.

 

#2 – Gestion publique de l’eau et de l’assainissement :

  • Une majorité de listes candidates est favorable à une gestion publique de l’eau et de l’assainissement.
  • T. Ben Chaabane n’a pas défini sa position au sujet du mode de gestion qu’il portera s’il est élu.
  • S. Grouard et O. Carré ne sont pas favorables à un passage en gestion publique de l’eau et de l’assainissement. Alors que le dérèglement climatique conduit à une raréfaction de la ressource et à sa dégradation, et que se profilent des guerres de l’eau, il aurait été opportun que ces candidats se réclamant de l’écologie redonnent du pouvoir aux citoyen·nes plutôt qu’aux « fleurons de l’industrie française ».

 

#3 – Transports collectifs et déplacements actifs :

  • Toutes les listes se sont engagées à soutenir la réouverture de la ligne de train Orléans-Châteauneuf/Loire. Mais O. Carré souhaite remplacer le train par des bus, apportant moins de contraintes selon lui..
  • Trois listes sont favorables à une gratuité totale des transports collectifs. V. Pellé dès le début du mandat, B. Chapuis et J.-P. Grand d’ici la fin du mandat. J.-P. Grand souhaite dans un premier temps une gratuité pour les -26 ans. B. Chapuis va plus loin avec une gratuité dans un premier temps pour les -26 ans, les retraité·es et les précaires.
  • N. Kerrien est contre la gratuité totale mais envisage une gratuité partielle.
  • O. Carré et S. Grouard sont tout deux opposés à la gratuité totale. Ils sont pour une tarification adaptée au quotient familial. S. Grouard y ajoute les personnes à mobilité réduite. O. Carré envisage peut-être une gratuité pour les -18 ans.
  • J.-P. Grand souhaite développer les bouts de ligne du réseau de bus par le service à la demande.
  • T. Ben Chaabane serait plutôt pour une gratuité totale, mais pas à l’échelle de ce mandat.
  • V. Pelé est pour l’arrêt de la circulation des voitures sur le pont George V.

 

#4 – Partie 1 : Préservation des terres agricoles :

  • O. Carré se dit favorable à la révision du SCoT, du Plan Climat, du PLUM pour prendre en compte les objectifs de la neutralité carbone (assortie d’un facteur 6 et + selon la loi) et du zéro artificialisation nette. On regrette qu’il n’annonce pas clairement que cette révision aura lieu dès sa réélection et qu’elle intégrera un objectif de densification de 56 logements/ha sur les constructions en extension comme préconisé par le SRADDET. Cette seule mesure réduirait la consommation des 600 ha prévus par le SCoT à 200 ha.
  • O. Carré n’a pas répondu à la question de la vacance résidentielle pourtant identifiée par les organisme officiels comme l’un des facteurs aggravants de l’artificialisation des sols.
  • Pour la proposition de projets d’agriculture urbaine et solidaire, J.-P. Grand indique un engagement avec la mention “si besoin” et T. Ben Chaabane ne s’est pas prononcé.

 

#4 – Partie 2 & 3 : Agriculture durable et alimentation locale, biologique et moins carnée :

  • Les candidat·es se sont engagé·es sur beaucoup de propositions, toutes pour B. Chapuis et T. Ben Chaabane.
  • Régie communale: N. Kerrien n’a pas répondu. J.-P. Grand et S. Grouard ne se sont pas engagé·es. L’un privilégie la conversion sur l’installation agricole. L’autre estime qu’un service foncier existe déjà. De même, O. Carré précise que d’autres solutions sont mises en place.
  • J.-P. Grand s’engage sur du 100% bio dans la restauration collective d’ici la fin du mandat. S. Grouard annonce lui 75 %.